Parler du harcèlement à un enfant sans dramatiser
Conseils d’un accompagnant et auteur de livres jeunesse thérapeutiques
Pourquoi ce sujet est si délicat ?
Le mot "harcèlement" est fort, et pour cause. Il évoque l’exclusion, l’humiliation, la violence psychologique… Et pourtant, en tant qu’adulte, nous avons un rôle fondamental : ouvrir le dialogue sans transmettre notre propre angoisse.
Mais comment aborder ce sujet avec un enfant sans lui faire peur, sans l'écraser sous nos attentes, sans dramatiser ?
1. Commencez par l’écoute, pas par l’alerte
Avant d’expliquer ce qu’est le harcèlement, commencez par poser des questions simples :
- Comment ça se passe en récréation ?
- Y a-t-il des moments à l’école que tu n’aimes pas trop ?
- As-tu déjà vu quelqu’un être mis à l’écart ? Et toi, comment tu te sentirais ?
L’objectif n’est pas d’obtenir des aveux, mais de créer un espace de parole neutre et sécurisant.
2. Utilisez la fiction comme support
Dans Spoutnik et Léa, l’enfant entre dans l’histoire sans se sentir visé. Il découvre Léa, qui souffre en silence, puis apprend à parler grâce à Spoutnik.
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La fiction joue un rôle de miroir, mais elle protège l’enfant du jugement.
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Poser des questions sur Léa permet souvent à l’enfant de parler de lui, par ricochet.
3. Nommez sans dramatiser
Si l’enfant évoque des moqueries ou de l’isolement, évitez les réactions comme :
“Quoi ? Mais c’est du harcèlement, c’est très grave !”
Même si c’est vrai, ce genre de réaction peut fermer la parole, par peur de déclencher une tempête.
Préférez une posture calme :
“Tu sais, ce que tu vis, ce n’est pas juste. Et tu as le droit d’en parler. On va trouver des solutions ensemble.”
4. Proposez des moyens d’expression alternatifs
Tous les enfants ne veulent pas parler.
Mais beaucoup veulent
dessiner,
écrire,
jouer,
créer…
Proposez-lui :
- De dessiner une “tempête” ou un “jardin de confiance”
- D’écrire une lettre à Spoutnik
- De choisir une pierre et d’y écrire un mot-clé (comme dans l’histoire)
Ce sont autant de portes d’entrée vers la parole différée, plus douce, plus progressive.
5. Rassurez sur le droit de demander de l’aide
Souvent, les enfants pensent que “parler” va empirer les choses.
Le livre montre au contraire que
parler, c’est poser une pierre sur le pont de la confiance.
Expliquez-lui que :
Demander de l’aide n’est pas trahir, ce n’est pas être faible.
C’est un acte de courage. Et il ne sera jamais seul.
En résumé
✔ Parler du harcèlement ne doit pas être un moment solennel ou angoissant.
✔ C’est un
chemin de confiance, où l’enfant avance à son rythme.
✔ Le rôle de l’adulte, c’est
d’être une présence fiable, calme, à l’écoute.
Ressources :
- Le livre Spoutnik et Léa – Ensemble contre le harcèlement scolaire :
https://www.editions-maia.com/livre/spoutnik-et-lea-ensemble-contre-le-harcelement-scolaire-stephane-rallier-et-stephanie-cot-9791042508784 - Le livret d’accompagnement gratuit pour les adultes :
https://www.stephanerallier.fr/Librairie/Accompagner-les-enfants-avec-Spoutnik-et-Lea-p742662626